CHASSE AUX RENNES

Chasser entre feu et glace

En Islande les licences de chasse aux rennes mâles sont accordées selon un système de loterie, par tirage au sort. Après une attente de trois ans Julien Wengenmayer a eu de la chance et a pu réaliser un rêve nourri de longue date.

Un ciel nordique d’un bleu intense nous salue. Un air pur, on ne pouvait espérer un temps plus radieux. Ce matin il en était encore autrement : rien que du brouillard sur la côte, ici, au nord-est de l’Islande. Mais notre guide de chasse dissipa nos craintes – et il avait vu juste. Nous nous sommes dirigés, avec notre ATVs à six roues, vers l’intérieur des terres, sur des zones plus élevées. Ici, pas de brouillard et la température étant plus douce, les rennes se sont retirés sur ces étendues plus fraiches. Nous sommes en août, la haute saison de la chasse aux rennes en Islande. Cela peut paraître un rien irritant pour certains chasseurs de l’Europe continentale, les cerfs étant, à cette époque de l’année, encore en velours. Mais en Irlande ce n’est pas le trophée qui compte le plus mais la chasse doit rapporter de la viande, et du renne, tout ou presque est valorisé. Depuis maintenant des heures, nous galérons à travers le terrain avec les ATVs. Des rochers, des sols tourbeux, de petites rivières, des passages abrupts – le paysage changeant sans cesse, exige des véhicules tout-terrains, le maximum. Nous sommes bien secoués mais aussi constamment stupéfaits par les nouveaux paysages à couper le souffle qui se succèdent. De temps à autre nous marquons de courtes pauses à la recherche de rennes mâles qui pourraient convenir, en parcourant la contrée avec nos jumelles.

C’est méticuleusement que je laisse glisser mon regard, à l’aide des jumelles, au-dessus de ces plaines rases et couvertes de mousse. Rien. « Si » chuchote Jon en pointant du doigt le lointain. Il a pu, à l’œil nu, déceler un troupeau de rennes. Ce n’est qu’après de longues explications de l’Islandais que j’ai pu reconnaitre, moi aussi, les supposés rennes mâles. A environ deux kilomètres de distance je décèle de petits points noirs à l’horizon. Très vite un plan fut forgé : nous approchons le troupeau pardessus une crête. Car sinon il n’y a, pour ainsi dire, aucun couvert en vue.

«  Nous allons leur couper la route » nous explique Jon. Après ce qui nous a paru une éternité, nous étions parvenus à 300 m. Les rennes se sont dirigés entre temps vers une dépression située en dessous de nous. C’est en rampant que nous gagnons la position de tir. La harde compte environ 150 têtes. Jon identifie plusieurs grands mâles. Mais dans cette multitude et cette situation confuse, il m’était quasiment impossible de reconnaître l’animal désigné. Comme j’attachais plus d’importance à un vieux mâle mur qu’à un grand trophée, Jon me désigna un vieil animal. Il avait un pelage nettement plus clair, ce qui le rendit plus facilement reconnaissable. Je me suis donc concentré sur ce sujet qui se tenait à 250 m environ, au milieu de ses congénères. Après avoir réglé l’ASV j’attends que le renne mâle soit isolé et de plein travers. A la perception, bien nette, de l’impact de la balle, le renne marqua l’atteinte et suivit encore la harde sur une cinquantaine de pas. Celle-ci s’enfuit sans affolement et se rassemble deux kilomètres plus loin. Mais le mâle n’eut plus la force de la suivre et s’écroula sur le sol enherbé. La joie est immense. Un vieux mâle à son apogée est à terre, en m’ayant fait vivre une nouvelle expérience de chasse avec un trophée sortant de l’ordinaire, mais aussi en procurant à mon hôte et à sa famille, une grande quantité de venaison.

 

Le célère Canyon Stualagil avec ses colonnes de basalte

La lagune de glaciers Jökulsarlon – son eau bleue et calme est parsemée d’iceberg. Elle se jette dans l’Atlantique et charrie des blocs de glace vers un rivage de sable noir

 

Cascade « Selfoss » dans le nord de l’Islande

En bas à gauche :

C’est avec l’ATVs à six roues que l’équipe de chasseurs peut parcourir de longs trajets sur le territoire de chasse qui s’étend à l’infini

En position de tir, masqué par la ligne de crête. C’est de la gauche que la harde apparut un peu plus tard sur l’espace dégagé

 

En haut : l’équipement parfait pour l’Islande : Sauer 101 Highland XTC avec une crosse en carbone et revêtement DLC, en calibre 6,5×55 SE

Peu de temps après, les rennes étaient de nouveau réunis en un groupe compact

 

« Dans l’arrière-saison islandaise les rennes parcourent la toundra. C’est la meilleure saison pour la chasse »

A gauche : un grand mâle d’âge mur a été obtenu, avec peu d’andouillers mais avec une envergure impressionnante

Au centre : les grandes pinces permettent d’évoluer sur un sol meuble et sur la neige

En bas : des chasseurs de rennes à l’issue d’une chasse couronnée de succès……..

A l’arrière plan le mont Ytri-Hagangur (925 m au dessus du niveau de la mer)